Avec Eleanor Bauer, Nuno Bizarro, Matthieu Burner, Olga Dukhovnaya, Julien Gallée Ferré, Lénio Kaklea, Maud le Pladec, Thierry Micouin, Mania Mungai et un groupe d’enfants de Rennes.

Lumières Yves Godin Son Olivier Renouf  Machines Artefact, Frédéric Vannieuwenhuyse  Assistant Julien Jeanne  Régie générale Antoine Guilloux  Régie plateau Max Potiron  Costumes Laure Fonvielle

Boris Charmatz par Gilles Amalvi

Avant d’être danseur, B.C. était joueur de ping-pong. Entré à l’École de danse de l’Opéra de Paris, il en a conservé le jeu des vitesses et l’art de la feinte. Il commence à danser avec Régine Chopinot (Ana et Saint-Georges), puis rejoint Odile Duboc pour 7jours/7villes, Projet de la matière et Trois Boléros (1996). Une version ralentie de son duo-boléro avec Emmanuelle Huynh sera présentée lors de l’inauguration du Musée de la danse, 13 ans plus tard.

Donc B.C. est danseur. Dimitri Chamblas aussi. En 1992, ils fondent l’association edna. À bras-le-corps (1993) est le nom de leur première pièce ; c’est également leur manière d’attraper la danse. Dans Les Disparates (1994), une sculpture de Toni Grand les accompagne, sans danser. Elle pèse 800 kilos. Au fil de ses projets, des choses, souvent, dansent malgré elles : des notes, des mots, des machines.

Avec Aatt enen tionon (1996), il signe une pièce verticale avec des lettres en trop. herses (une lente introduction) (1997) réunit cinq danseurs assez nus ; un violoncelliste ponctue la pièce, sur une musique d’Helmut Lachenmann. En 1999, il pose trois mots – Con forts fleuve – et des jeans sur la tête des interprètes, pour que la danse s’avance sans visage. Dans héâtre-élévision, elle est sans scène et sans T. Le corps est dans un téléviseur qui est dans un théâtre. Il est aux mains d’une machine pour régi (2006) : la machine régit les actions de Julia Cima et B.C., et Raimund Hoghe régit la machine. En 2008, La Danseuse malade est l’actrice Jeanne Balibar, ou Tatsumi Hijikata, fondateur du butoh – ou les deux. Leur « poitrine est encombrée des épaves de l’époque ».

B.C. est un camion, ou dans un camion, ou les deux.

D’ailleurs, B.C. est danseur. Il invente des cadres et y dépose des idées. Angèle Le Grand aussi. Sous leur impulsion, l’association edna devient un dispositif de recherche et une boîte à outils : edna organise le programme Hors-série (La chaise et Visitations de Julia Cima, Jachères de Vincent Dupont), des installations qui tournent, comme Programme court avec essorage, des résidences insolites (Ouvrée - artistes en alpages) ; edna produit des idées, des événements, des films (Les Disparates de César Vayssié, Horace Bénédict de Dimitri Chamblas et Aldo Lee).

De 2002 à 2004, B.C. élargit le cadre d’une résidence au Centre national de la dsanse à Pantin et active le projet Bocal – une école nomade et éphémère, pour transmettre sans maître. edna, Bocal, puis le Musée de la danse : chacun de ces cadres est l’occasion d’ouvrir les manières de produire, de transmettre et de penser la danse.

En effet, B.C. est danseur. Avec Isabelle Launay, il cosigne Entretenir/à propos d’une danse contemporaine (Centre national de la danse / Les Presses du Réel / 2003). Je suis une école, paru aux éditions Les Prairies Ordinaires, est un
livre-laboratoire signé au nom de beaucoup. Dedans, il y a Bocal, Roland Barthes, des partitions, des citations et des écoles en devenir.

B.C. est aussi danseur. Il improvise régulièrement avec Saul Williams et sa voix, Archie Shepp et son saxophone, Médéric Collignon et sa trompette ou encore Steve Paxton. Quand il n’improvise pas, il est également interprète pour Odile Duboc, Fanny de Chaillé, Pierre Alféri et Meg Stuart. Depuis 2009, B.C. est danseur. Avec des objets, des corps, des lieux, des archives. Nommé directeur du Centre chorégraphique national de Rennes et de Bretagne, il le transforme en Musée de la danse. Le Musée de la danse est un lieu et une idée : un espace qui peut se déplacer (éditions d’expo zéro à Saint-Nazaire, Singapour, Utrecht), et une idée pour abriter du temps (préfiguration), des débats (expo zéro), des expositions (héliogravures), des écritures et des voix (rebutoh), des performances, des projections, des discussions (Grimace du réel), et parfois même, des oeuvres (Service commandé, expo brouillon).

Mais surtout, B.C. est danseur. 50 ans de danse, son avant-dernière pièce, traverse l’oeuvre de Merce Cunningham à toute vitesse. Activée par des danseurs, des amateurs ou des étudiants, elle peut changer de nom (Roman Photo, FlipBook) sans changer de forme. Actuellement, il présente Levée des conflits, une chorégraphie qui change de forme sans bouger et qui bouge sans changer de forme.

B.C. est aussi l’artiste associé de l’édition 2011 du Festival d’Avignon.