Attention : pas de représentation le jeudi 15 mars 2012.

Jean Liermier dit souvent qu’il ne fait pas de différence entre le théâtre et la vie. Que sa vie est théâtre. Rien d’étonnant alors à ce qu’il remonte le cours de son propre fleuve et prenne comme point de départ de Figaro ! la dernière scène de son Jeu de l’amour et du hasard. Un processus rappelant que pour lui, « la représentation n’est jamais une conclusion ».

Souvenez-vous, à la fin du Jeu de l’amour et du hasard on pouvait voir Lisette et Arlequin retrouvant leurs habits de valets après avoir pris les traits de leurs maîtres – qui les avaient instrumentalisés pour donner libre cours à leur marivaudage. L’issue restait indécise : étaient-ils révoltés ou résignés ?

Suzanne, née sous la plume de Beaumarchais quelques années avant la Révolution française, n’a pas le même tempérament que Lisette. À quelques heures de sa noce avec Figaro, elle voit d’un mauvais oeil le cadeau de mariage du comte Almaviva : un lit, et surtout la meilleure chambre du château, attenante à celle de ce seigneur en mal de restaurer le droit de cuissage qui lui permettrait de profiter des charmes de la jeune mariée avant son promis…

Mais il n’est plus question de se laisser faire. Le comte devra affronter une coalition qui triomphera de son désir et de ses droits.

Jean Liermier est un familier de ces personnages qu’il a mis en scène dans Les Noces de Figaro de Mozart, créé à l’Opéra national de Lorraine en 2006. Le directeur du Théâtre de Carouge ne montera pas le texte in extenso : pour cet opus qui interroge la légitimité des liens du mariage et sonde les profondeurs du sentiment amoureux, il choisit d’adapter le texte original du Mariage de Figaro en le passant au prisme de la structure dramaturgique du livret que Lorenzo Da Ponte a réalisé pour Mozart.

Une adaptation dont il apprécie « la rapidité et la concision du découpage». C’est donc « une version de chambre » du chef-d’oeuvre de Beaumarchais, recentrée sur les protagonistes (les couples Comte-Comtesse, Figaro-Suzanne, Marceline-Bartholo, ainsi que Basile et Chérubin), qui sera donnée pour la première fois à Carouge.

Une pièce qui offrira également la possibilité d’apprécier la musicalité du travail sur la langue de Jean Liermier qui, en répétition, à chaque mot, à chaque attaque, à chaque prise de souffle, cherche avec ses acteurs le son juste afin de faire résonner les auteurs d’hier comme s’ils écrivaient aujourd’hui.

Production Théâtre de Carouge-Atelier de Genève
Ce spectacle est réalisé avec le soutien de la Fondation Leenaards et de la Banque Wegelin & Co.