Éric Cantona Père Ubu Valérie Crouzet Mère Ubu Giovanni Calò Conteur

Décor Dick Bird Lumières Arnaud Jung Costumes Sylvie Martin-Hyska Collaboration à la mise en scène Mériam Korichi

Alfred Jarry (187 3-1907)

Alfred Jarry est le fils d’Anselme Jarry, négociant puis représentant en commerce, et de Caroline Quernest. En 1878, il est inscrit comme élève dans la division des minimes du petit lycée de Laval. L’année suivante, sa mère s’installe à Saint-Brieuc. C’est donc au lycée de Saint-Brieuc que Jarry poursuit ses études jusqu’en 1888. Dès 1885, il compose des comédies en vers et en prose, comme Les Brigands de la Calabre (1885), Le Parapluie-Seringue du Docteur Thanaton, Le Procès, Les Antliaclastes (première version 1886, deuxième version, 1888). En 1888, sa mère s’installe avec ses deux enfants à Rennes. Jarry entre en rhétorique au lycée de Rennes en octobre 1888. Au lycée de Rennes, M. Hébert, professeur de physique, incarne aux yeux de ses élèves «tout le grotesque qui est au monde». L’enseignant devient le héros d’une littérature scolaire abondante, dont un texte intitulé Les Polonais que Jarry, en classe de première, va mettre en forme de comédie : c’est la plus ancienne version d’Ubu roi. En 1891-1892, il est élève d’Henri Bergson et condisciple de Léon-Paul Fargue et d’Albert Thibaudet au lycée Henri-IV. Il échoue au concours d’entrée à l’École normale supérieure (trois échecs successifs suivis de deux échecs pour la licence ès lettres). Ses publications lui permettent cependant de rencontrer Marcel Schwob, Alfred Vallette (directeur du Mercure de France) et sa femme Rachilde. Dans la maison du couple, il présente, en 1894, Ubu Roi. Il collabore au Mercure de France et à la Revue Blanche. Deux ans plus tard, il entre en fonction auprès de Lugné-Poë qui lui confie le programme de la prochaine saison du Théâtre de l’OEuvre où la première d’Ubu Roi a lieu le 10 décembre 1896, suscitant une polémique comparable à la bataille d’Hernani. Dès lors, les représentations des pièces de Jarry se suivent, au fil des cycles d’Ubu. De 1894 à 1895, il dirige l’Ymagier avec Remy de Gourmont : Recueil de gravures anciennes et nouvelles, d’études artistiques et philologiques qui paraît en fascicules trimestriels. En 1896 se place l’événement historico-mythique de l’achat de la bicyclette Clément Luxe 96 course sur piste que le marchand Trochon s’obstinera longtemps à vouloir faire payer au poète, en vain. Il fonde une revue d’estampes, Perhindérion, qui n’aura que deux numéros. En 1897, il a épuisé son héritage, mais achète un bateau, L’As, qui entrera dans la littérature par la geste de Faustroll. Son compatriote, le douanier Rousseau, l’héberge brièvement. En novembre 1897, il s’installe 7, rue Cassette, dans sa grande Chasublerie. Le 20 janvier 1898, une représentation d’Ubu Roi par des marionnettes (dues à Pierre Bonnard) est donnée au théâtre des Pantins, à Paris. Jarry écrit en 1901 une réduction en deux actes d’Ubu Roi qui est jouée la même année au Cabaret artistique des 4-z’arts (cette version raccourcie d’Ubu Roi paraît en 1906 sous le titre d’Ubu sur la butte). En 1902, paraît Le Surmâle. La même année, Jarry commence une brève collaboration avec la revue du prince Bibescu, La Renaissance latine. Il publie en 1903 une série d’articles dans la revue Le Canard sauvage (premier numéro en mars 1903, dernier numéro en octobre 1903). Il commence à écrire La Dragonne pendant son séjour chez Claude Terrasse, au Grand-Lemps, en 1904, tout en continuant à travailler au livret de Pantagruel. Dans l’ouvrage Gestes et opinions du docteur Faustroll, pataphysicien, édité après sa mort, il définit la ‘Pataphysique comme «la science des solutions imaginaires, qui accorde symboliquement aux linéaments les propriétés des objets décrits par leur virtualité» (livre II, chapitre VIII), science que perpétue le Collège de ‘Pataphysique fondé en 1948. S’identifiant à son personnage et faisant triompher le principe de plaisir sur celui de réalité, Jarry a vécu comme il lui plaisait avec ses trois attributs : la bicyclette, le revolver et l’absinthe. Il leur sacrifiera la respectabilité et le confort. Dans une petite baraque proche d’une rivière, à côté d’un lit-divan, Rabelais composait l’essentiel de sa bibliothèque. L’humour lui a permis d’accéder à une liberté supérieure. «Jarry jouant Ubu, non plus sur scène mais à la ville, tend ainsi un terrible miroir aux imbéciles, il leur montre le monstre qu’ils sont. Il dit Merdre aux assis.» (Georges-Emmanuel Clancier) Le 28 mai 1906, Jarry écrit à Rachilde : « (Le Père Ubu) n’a aucune tare ni au foie, ni au coeur, ni aux reins, pas même dans les urines ! Il est épuisé, simplement et sa chaudière ne va pas éclater mais s’éteindre. Il va s’arrêter tout doucement, comme un moteur fourbu.» Épuisé, malade, harcelé par ses créanciers, malgré l’aide financière d’Octave Mirbeau et de Thadée Natanson, Jarry fait des allers et retours entre Paris et Laval et meurt d’une méningite tuberculeuse six mois plus tard, le 1er novembre 1907, à l’hôpital de la Charité, à Paris. Comme dernière volonté il demande un cure-dent. Il est enterré au cimetière parisien de Bagneux. Ainsi, l’oeuvre d’Alfred Jarry, au comique grinçant, met en scène de façon insolite les traits humains les plus grotesques. Il est l’inventeur du terme de ’Pataphysique, science qui cherche à théoriser la déconstruction du réel et sa reconstruction dans l’absurde. Jarry est l’un des inspirateurs des surréalistes et du théâtre contemporain. Une statue signée Zadkine consacre l’hommage de sa ville natale. Cet auteur est transformé par André Gide en personnage de roman dans Les Faux-monnayeurs.

Dan Jemmett

Dan Jemmett fait sa première mise en scène au Young Vic Theatre avec Ubu roi d’Alfred Jarry. Le spectacle est repris à Paris, en 1998, au Théâtre de la Cité internationale. Dan Jemmett vit depuis lors en France. Ses mises en scène en France incluent notamment Presque Hamlet d’après Shakespeare (Théâtre de Vidy-Lausanne, Théâtre national de Chaillot), Shake d’après La Nuit des rois de Shakespeare, couronné par le prix de la Critique française comme Meilleure révélation théâtrale 2000-2001 (Théâtre de la Ville), Dog Face d’après The Changeling de Thomas Middleton (Théâtre de Vidy-Lausanne, Théâtre de la Ville), L’Amour des trois oranges de Carlo Gozzi (Théâtre de Sartrouville et tournée en France), Femmes gare aux femmes de Thomas Middleton (Théâtre de la Ville, Théâtre de Vidy-Lausanne), William Burroughs surpris en possession du chant du vieux marin de Samuel Taylor Coleridge, texte contemporain de Johny Brown, traduit par Marie-Paule Ramo (Théâtre de la Ville), The Little Match Girl, d’après le conte de Hans Christian Andersen, La Petite Fille aux allumettes, un spectacle créé en collaboration avec le groupe anglais The Tiger Lilies au festival de Syracuse, ayant fait une tournée européenne. Aux État-Unis, Dan Jemmett a travaillé à une nouvelle version de Dog Face au Quantum Theater de Pittsburgh, qu’il fit représenter dans une usine désaffectée connue sous le nom de Heppenstall Plant. Ce spectacle fut joué à Madrid à l’automne 2006, au festival de théâtre d’Abadia. En janvier 2008, il est retourné à Madrid, pour une mise en scène de la pièce de Tirso de Molina, Le Trompeur de Séville, créée au Théâtre Abadia. Ses mises en scène à l’opéra incluent La Flûte enchantée de Mozart, en collaboration avec Irina Brook (Reisopera, les Pays-Bas), L’occasione fa il ladro de Rossini (Ensemble Matheus, direction Jean-Christophe Spinozi, Le Quartz, Brest, 2004, tournée en France avec la compagnie de l’ARCAL), The Gondoliers de Gilbert et Sullivan (Deutsche Oper am Rhein, Düsseldorf, Allemagne), Un segreto d’importanza de Rendine (Teatro communale de Bologne), L’Ormindo de Cavalli créé à la Maison de la musique de Nanterre, avant une tournée en France. En 2010, il met en scène Béatrice et Bénédict de Hector Berlioz à l’Opéra-Comique, à Paris. Dan Jemmett a mis en scène au Théâtre du Vieux-Colombier en 2007 Les Précieuses ridicules de Molière, spectacle présenté également en tournée en Europe de l’Est du 10 novembre 2008 au 9 février 2009, repris en mai 2009 au Théâtre du Vieux-Colombier.

Éric Cantona

Éric Cantona n’attend pas la fin de sa carrière sportive pour débuter derrière une caméra. En 1995, il décroche, aux côtés de son frère Joël, un rôle remarqué dans Le bonheur est dans le pré d’Étienne Chatiliez, aux côtés de Michel Serrault et d’Eddy Mitchell. En 1998, il campe un ambassadeur français dans le film Elizabeth du réalisateur Shekhar Kapur puis enchaîne avec un rôle de boxeur dans la comédie Mookie d’Hervé Palud aux côtés de Jacques Villeret qu’il retrouve en 1999 dans le film de Jean Becker Les Enfants du marais. Il joue ensuite un joueur de pétanque dans La grande vie ! en 2001, film de Philippe Dajoux. En 2003, il incarne le commissaire Séléna dans L’Outremangeur de Thierry Binisti. Il rencontre sur le tournage l’actrice Rachida Brakni, qui devient son épouse en 2007. Ces rôles lui assurent une certaine reconnaissance auprès de la critique cinématographique française. La même année, il réalise le court-métrage Apporte-moi ton amour, avec Daniel Duval et Nadia Farès, d’après la nouvelle Bring me your love de Charles Bukowski. Le film est présenté au Festival international du film et de la télévision Cinéma Tous Écrans de Genève de 2003. En 2005, il est présent à l’affiche dans La vie est à nous ! de Gérard Krawczyk. En 2007, il est à l’affiche des films Le Deuxième Souffle d’Alain Corneau et Lisa et le pilote d’avion de Fando Pietri où il retrouve Rachida Brakni. Il fait ensuite un détour par la télévision dans le téléfilm Papillon noir réalisé par Christian Faure. En 2009, il coproduit le film de Ken Loach Looking for Eric, présenté au Festival de Cannes 2009 en sélection officielle. Il y interprète également son propre rôle aux côtés de Steve Evets. Ce film recueille de nombreuses critiques positives et la performance d’acteur de Cantona est saluée par la presse. La réplique «I’m not a man, I’m Eric Cantona» est reprise dans de nombreux médias. Selon Le Point, l’acteur a «trouvé outre-Manche le rôle de sa vie.