Qu'il s'agisse de théâtre ou d'opéra, de textes classiques ou contemporains, Marc Paquien subjugue par sa direction d'acteur et par ses mises en scène exigeantes. Après La Dispute de Marivaux et Les Femmes savantes de Molière, il se penche cette fois sur " les variations infinies de la comédie de l'amour " en montant La Locandiera pour le Théâtre de Carouge.

Un " hôtel garni à Florence ", un chevalier misogyne qui a juré de ne jamais donner son coeur à une femme, une aubergiste qui parie que l'homme finira à ses pieds : voilà, en un tournemain, planté le décor et l'intrigue de la comédie la plus spirituelle de Goldoni.

Une comédie sans cesse réinventée par Mirandoline, l'hôtelière, qui veut montrer comment l'amour vient aux hommes mais qui, très vite dépassée, tombera aussi dans le piège des sentiments avec lesquels elle joue ! " Car cette pièce est avant tout l'histoire d'une rencontre et des transformations qu'elle provoque chez les personnages ", note le metteur en scène.

" Dangereux " progressiste dénigré par les Lumières - alors même que son oeuvre théâtrale relève de leur esprit -, Goldoni " ne cherche pas ici à éclairer les vices des hommes, comme Molière, ou à explorer, comme Marivaux, le monde abstrait des sentiments. Il se penche sur l'humain pour y déceler sa part d'ombre ".

Avec La Locandiera, il compose une pièce drôle et cruelle où le monde et le théâtre se rencontrent pour mieux lever un coin du voile sur la nature des rapports entre les hommes.

On comprend mieux pourquoi, même si la filiation est évidente, ce théâtre est loin de la commedia dell'arte. Après Visconti ou Strehler, Jacques Lassalle ne s'y était pas trompé en lui donnant une dimension profondément humaine. C'est d'ailleurs le souvenir de cette mise en scène qui a donné envie à Marc Paquien de s'emparer de ce texte et d' " en inventer de nouvelles projections imaginaires ".

À ses côtés, Dominique Blanc et André Marcon se retrouvent face à face, vingt-cinq ans après Le Mariage de Figaro monté par Jean-Pierre Vincent au Théâtre national de Chaillot (Paris), pour donner corps et ainsi investir autrement la mémoire du théâtre. Un art, selon Marc Paquien, fait de " parcelles de mémoires qui laissent des traces plus ou moins vives et refont un jour surface dans le monde ".

Production Compagnie des Petites Heures-Paris Coproduction Théâtre de Carouge-Atelier de Genève, Théâtre de Caen, SN de Sète et du Bassin de Thau, La Coursive-La Rochelle, Théâtre des Sablons-Neuilly-sur-Seine, Comédie de Picardie-Amiens, Théâtre de Namur, Les Célestins-Lyon, Théâtre de Grasse, avec la participation artistique de l'ENSATT-Lyon.